François Décorchemont
1880-1971
1880-1891
François Décorchemont est né le 26 mai 1880 à Conches dans l’Eure. Fils d’Émile Décorchemont, sculpteur statuaire, élève d’Aimé Millet, collaborateur de Jean-Léon Gérome et Professeur à l’École Nationale des Arts Décoratifs de Paris et de Françoise Laumônier. Il passe son enfance à Conches, chez ses grands-parents maternels. Les Laumônier sont issus d’une famille de sculpteurs sur bois depuis le XVIIIe siècle. François Laumônier, son grand-père, et Edmond Laumônier, son oncle, créèrent une Académie d’Art à Conches. Durant toute sa jeunesse, François Décorchemont apprend à aimer et à connaître la nature. Cet attachement à la faune et à la flore marquera profondément son œuvre. C’est dans cette ambiance particulièrement stimulante qu’il s’initie au dessin et à la peinture.
1892-1899
Il quitte Conches – y revenant régulièrement pour les vacances – et rejoint ses parents, à Paris, installés dans un atelier d’artiste à Montmartre. Il entre au collège Chaptal puis, en 1895, à l’École Nationale des Arts Décoratifs où il côtoie Victor Lhuer, Henry de Waroquier, Félicien Cacan, Maurice Dufrêne, et Georges Bastard qui deviendra un de ses plus proches amis.
1898
Il expose, dans la section peinture au Salon des artistes français – et cela jusqu’en 1907 –, des paysages de sa Normandie natale dans le style impressionniste.
1900-1902
À sa sortie de l’École Nationale des Arts Décoratifs, il envisage une carrière de peintre avant d’entreprendre ses premières recherches sur la céramique. Fin 1902, encouragé par son père, et souhaitant obtenir une matière colorée directement dans la masse, il se lance dans l’expérimentation de la « pâte de verre ». Il devient membre de la Société des artistes décorateurs créée en 1901.
1903-1907
Ses recherches aboutissent alors à la mise au point d’une technique très personnelle, utilisant les composants du verre (silice, potasse, etc.), mélangés à une préparation à base de pépins de coing. La pâte obtenue est estampée dans des moules. Il réalise ainsi ses premières pièces en « pâte d’émail », extrêmement fines, décorés de motifs floraux. Il expose au Salon des artistes français. En 1906, il obtient le Grand Prix à l’Exposition Internationale de Milan.
1907-1908
Il améliore sa technique en utilisant de la poudre de cristal à fort pourcentage en oxyde de plomb. Tout en gardant un pied-à-terre à Montmartre, il s’installe à Conches pour organiser son atelier de production et, à partir de février 1907, il commence le recensement et la numérotation systématique de ses pièces. Bien qu’il abandonne l’idée de se consacrer à la peinture, il ne cessera de peindre, et cela jusqu’à la fin de sa vie.
1908-1911
Il participe aux expositions internationales (Londres, Bruxelles, Turin) où il reçoit de nombreux prix, et expose régulièrement au Salon des artistes français ainsi qu’au Salon des artistes décorateurs. Avec son père, il entreprend la construction d’un four à bois dans le jardin de la maison de Conches. Poursuivant ses recherches, il abandonne progressivement la technique de l’estampage, la remplaçant par le procédé dit à « la cire perdue » habituellement utilisé pour la fonte du bronze. Il expérimente de nouveaux procédés de moulages.
1912-1919
Les ateliers de Conches s’agrandissent. Ses recherches sur la matière lui permettent d’obtenir un verre plus transparent et en même temps plus épais, ce qui rend désormais possible le polissage. En 1913, il cesse de produire des pièces à pâte fine. Les formes s’épurent et les couleurs deviennent plus franches et plus maîtrisées. Au cours de cette période, il rencontre Lalique, Gallé, Lenoble, Decœur, Dunand, Marinot, etc., et intègre le groupe des Artistes français contemporains réunis par Georges Rouard dans sa galerie au 34 avenue de l’Opéra à Paris. Il est démobilisé après la Guerre en octobre 1919, et épouse, le 26 mai, Germaine Heuzé, pastelliste à Vernon. 1919 sera une année de grandes activités créatrices. Ses œuvres sont présentes dans nombreuses expositions ventes à l’étranger.
1920
En janvier, décès de son père qui l’encourageait et l’assistait dans ses recherches. Sa création évolue vers des formes plus construites, plus rigoureuses, les motifs sont plus géométriques. Il expose plusieurs nouveaux modèles au 11ème Salon des artistes décorateurs. Un exemplaire de la « Grande jatte caphots » est acheté par l’État et la ville de Paris acquiert un Vase fougère.
1921
En août naissance de sa fille Michelle. Celle-ci fera très tôt de la peinture et du tissage qu’elle exposera au Salon des artistes décorateurs. Le décès de sa femme la même année le plongera dans un très grand désarroi. En décembre à l’exposition des Artisans français contemporains chez Rouard, son succès dépasse celui de Lalique.
1922-1923
Il expose dans de nombreux salons et expositions et doit refuser des invitations faute de pièces disponibles.
1924
Il est nommé membre du Comité central technique des arts appliqués et collabore avec la société Ruhlmann & Laurent dans le cadre de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925.
1925
Cette année voit la consécration de son art. Il reçoit un grand prix à l’exposition internationale de Paris. Le Metropolitan Museum de New York fait l’acquisition du Bol deux anses serpents. Il reçoit les éloges d’Antonin Daum et participe à l’exposition au musée Galliera sur les rénovateurs de l’art appliqué de 1890 à 1910.
1926
Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur. Une sélection de ses œuvres participent à une exposition itinérante dans plusieurs villes des États-Unis. Ses créations sont diffusées en Amérique du Sud et à New York. La revue Art décoration, sous la plume de René Chavance, publie un article sur l’ensemble de son œuvre.
1927-1931
Désormais la ligne géométrique domine ses créations, la structure l’emporte sur l’ornement, et les proportions deviennent plus importantes. Au cours de l’année 1928, il épouse, en second mariage, Marie-Antoinette Pellet. Hors concours et membres des jurys, il expose régulièrement au Salon des Artistes décorateurs, au Salon des Artisans Français contemporains et au Salon d’Automne ainsi qu’en Allemagne, Belgique, Espagne, Grèce, Italie, Japon, etc. Ses œuvres sont présentes dans de nombreux musées français et étrangers. En mars 1930, Pierre Chavance signe un nouvel article dans Mobilier et Décoration. Il participe à l’exposition coloniale de 1931. Mais la crise économique affecte énormément son travail.
1932-1933
Premier essai de vitrail qui lui permet de mettre au point une technique entièrement nouvelle. En décembre 1932, il élabore son premier vitrail, Nature morte aux fruits (Musée du verre de Conches), qu’il exposera en 1933 au 23ème Salon des artistes décorateurs. Devant les difficultés rencontrées dans la vente de ses pièces, il entreprend de se lancer dans cette nouvelle voie tout en continuant une petite production de pâtes de verre.
1934
Il expose au Salon d’automne Christ aux enfants, ainsi que des essais de couleurs pour les vitraux de la cathédrale de Chartres. En fin d’année, Pierre l’Ermite lui commande 350m2 de vitraux pour l’Église Sainte-Odile en construction à Paris.
1935-1939
Parallèlement à son travail pour Sainte-Odile, il continue à exposer des pâtes de verres et des vitraux religieux mais aussi décoratifs. En 1936, il participe à l’exposition organisée aux Metropolitan Museum de New York. À l’Exposition internationale des arts et des techniques dans la vie moderne de 1937, sa production de vitraux est largement représentée. Il obtient alors un prix d’honneur pour la section vitrail et le grand prix de la verrerie. C’est à cette époque qu’il commence à recevoir des commandes de vitraux religieux. En 1939, il participe à l’Exposition universelle de New York avec le groupe des Artistes français contemporains.
1940-1944
La production de pièces et de vitraux étant fortement ralentie faute de moyens, il se consacre principalement à la peinture, exposant à Paris et dans l’Eure.
1945-1964
Toutes ces années vont êtres consacrés à la réalisation de vitraux pour des particuliers, des collectivités et pour des églises sinistrées dans l’Eure. Il crée en 1953, le Salon de peinture de Conches. En 1955, il est fait Officier de la légion d’Honneur, et en 1958 est promu Officier des Arts et Lettres. En 1959, À 79 ans, il abandonne l’atelier de Montmartre et ne retournera plus à Paris.
1965-1969
Stimulé par le regain d’intérêt que suscite l’Art nouveau, il relance sa production de pièces. Les créations d’avant 1925 sont très recherchées dans les ventes publiques et atteignent de fortes côtes. De nombreux collectionneurs français et étrangers viennent à Conches. En 1968-1969, il est sollicité par la Cristallerie Daum pour collaborer à de nouvelles recherches sur la « pâte de verre », mais il refusera toujours de livrer ses secrets de fabrication. Durant l’année 1969, il reçoit le prix Jean Revel et réalise ses derniers vitraux pour l’église de Champ Dolent près de Conches.
1970
À l’âge de 90 ans, aidé de son petit-fils, Antoine Leperlier, il réalise sa dernière cuisson de pièces et continue à peindre.
1971
le 19 février il décède dans sa 91ème année.